Article DNA du Vendredi 30 janvier 2004

A la découverte de l'univers du manga

A l'initiative de la librairie Kaobang se tient, ce week-end, la première convention pour les amateurs de bandes dessinées japonaises à Strasbourg. Un salon « 100 % fans » salle de la Bourse, samedi et dimanche, également destiné à faire découvrir aux curieux cet univers du manga.

Rien de commercial dans cette première convention « Japan addict », dédiée au manga. Les trois créateurs de la librairie Kaobang, spécialisée dans la culture asiatique, Nathalie Ludwig, Fabrice Dunis et Florence Krecina, ont en effet décidé d'offrir un espace aux fans, avec l'appui de nombreuses associations. En clair, point de professionnels ce week-end salle de la Bourse, mais une vingtaine d'amateurs « bourrés de talent, qui ne demandent qu'à montrer ce qu'ils aiment, et à partager leur passion », souligne Nathalie.

Jeux vidéo, dessins animés et BD

 Dessinateurs de cartes postales, de fanzines, ou créateurs de jeux vidéo amateurs montreront ainsi sur place leur savoir-faire aux fans avertis ou amateurs curieux. Car les organisateurs mettent un point d'honneur à ne pas exclure de cette convention les novices en matière de culture japonaise, en leur permettant au contraire de découvrir un univers de plus en plus prisé.
 Les organisateurs promettent par ailleurs de multiples animations. Déjà avec la projection de dessins animés inédits, des démonstrations de jeux comme l'ancestral jeu de go, des jeux de cartes, ou un « Qui veut gagner des millions ? » spécial manga, le tout assuré par l'association Tsubasa. Les visiteurs auront également la possibilité de jouer en jeu libre. Samedi soir seront projetés trois premiers épisodes de trois dessins animés inédits, suivis de publicités japonaises ou de scènes d'anthologie d'arts martiaux dans des films bien connus du grand public. Une sorte de nuit de la pub à la sauce japonaise, dès 20 h.
 Dimanche, place aux cosplayers, ces grands adultes qui créent les costumes de leur personnage de manga favori, qui défileront dans l'après-midi. Odile Schmitt, la doubleuse de Tao, héros du dessin animé « Les cités d'or », promet une apparition remarquée aux alentours de 14 h, et devrait même faire un doublage en live.
 Un point important pour les fans de dessin animé japonais, considéré là-bas comme un art au même titre que la calligraphie ou la peinture : « Contrairement aux Européens ou aux Américains, les Japonais réalisent des dessins animés pour adultes aussi. Mais dans les années 80, quand on les a importés ici, ce n'était pas encore très bien compris. Du coup, on avait des doublages hallucinants, très loin de la réalité », précise Fabrice. A découvrir également sur place la collection de la Strasbourgeoise Marianne Prevost, fan de la célèbre Hello Kitty.

Article DNA du Vendredi 30 janvier 2004

L'univers du manga à Strasbourg: Elodie invente Yukio la mercenaire

Elodie Schlosser prépare un manga. Elle expose ses dessins à la première convention « Japan addict », qui se tient encore aujourd'hui à Strasbourg.

Elle a vingt ans, des yeux bleus qui rient tout le temps, et des tresses à la Fifi Brin d'acier. Pourtant, Elodie Schlosser préfère l'univers asiatique du manga à celui d'Astrid Lindgren, la maman suédoise de Fifi.

« La case explose »

 Son amour du dessin, elle le doit au manga : « Au début, je me contentais de recopier les images en plus grand, et puis petit à petit, j'ai appris à maîtriser le coup de crayon », raconte Elodie. Et la voilà qui se lance aujourd'hui dans la création. La jeune Strasbourgeoise prépare un manga, ni tout à fait shojo (pour les filles), ni tout à fait shonen (pour les garçons).
 Hôtesse de caisse dans le civil, « pour payer mon studio », Elodie écrit l'histoire et dessine les images de la future production. Son héroïne, Yukio, jolie rousse aux yeux bleus, mercenaire du gouvernement qui l'a créée en laboratoire, combat les sorciers ennemis sans se poser de questions.
C'est une fille assez sombre, et même plutôt méchante dans l'action. Elodie cherche à glisser un message dans ses pages : « J'essaie de montrer que chacun se bat pour ses idéaux, et qu'il n'y a pas d'un côté les gentils, et de l'autre, les méchants. »

Elodie a bouclé le scénario et s'attaque aux dialogues. Elle présente des dessins à la convention « Japan addict », organisée pour les amateurs à l'initiative de la librairie Kaobang, salle de la Bourse. « Je veux montrer que les Français sont capables de sortir des mangas, comme les Japonais et les Coréens », dit la jeune fille, qui compte bien se faire éditer.
 Elodie juge la BD occidentale « monotone », à cause des limites de la case qui « coincent » trop les images. Dans le manga, « la case explose », libère le dessin, le rend plus expressif : « On sent plus ce que l'auteur veut faire passer. »
 A force de mangas, dévorés dans tous les sens, Elodie s'est prise d'amour pour la culture japonaise : « J'ai acheté plein de bouquins pour en savoir plus, et je n'ai pas été déçue. » Elle rêve d'un voyage au pays du soleil levant, quoi de plus logique ? Yukio l'y conduira un jour peut-être.

 

 

M.S.

« Japan addict », salle de la Bourse, place De-Lattre-de-Tassigny à Strasbourg. Aujourd'hui dimanche, de 10 h à 20 h. Entrée : 2 € (les visiteurs venus la veille ont reçu un ticket valable pour les deux jours). A 13 h 30 : rencontre avec Odile Schmitt, comédienne de doublage. De 14 h à 17 h : défilé de Cosplay.