Ing Chang Ki |
Go Seigen |
Christophe Roehri |
Fabrice Rosenstiehl |
DNA du 6- 8- 89
Aux championnats du monde de Singapour
Fabrice et Christophe dans "l'empire du go"
Fabrice et Christophe ont quitté jeudi Strasbourg pour Singapour. Les deux élèves du collège Saint-Étienne participeront jusqu'à vendredi prochain aux championnats du monde de go des moins de 18 ans. Champions de France, ils ont, en mai dernier à Amsterdam, été qualifiés pour représenter, en compagnie d'un jeune Hollandais, l’Europe de l’Ouest à une compétition traditionnellement dominée, c'est vrai, par les concurrents chinois et japonais.
Le plus vieux jeu de stratégie connu, qui serait né en Chine 23 siècles avant l'ère chrétienne, n'a il faut dire réellement "percé" en Europe qu'il y a une dizaine d'années alors qu'en Asie il compte plus de 10 millions de pratiquants. N'empêche: Fabrice Rosenstiehl et Christophe Roehri sont déjà, à seize ans, des inconditionnels de " l'atari et du joseki " (*).
Pendant l'année scolaire, Fabrice et Christophe se retrouvent deux fois par semaine à l'heure du déjeuner, les yeux rivés sur les 361 intersections du "go-ban" (le plateau du jeu de go), cherchant à délimiter de leurs pierres (les " go-ishi " noires ou blanches) le territoire le plus vaste, sans épargner à leur adversaire d'imparables "joseki", ces séquences de jeu que tout joueur doit apprendre par cœur pour atteindre enfin les "sommets
- Si, au go, les règles de départ ne sont pas très difficiles, la progression est plus ardue. C'est vrai qu'il faut pas mal de concentration et une grande envie d'apprendre les règles pour persévérer. Dans certaines " séquences ", il est nécessaire de savoir prévoir vingt coups à l'avance: c'est pire qu'aux échecs... Enfin, on serait joueurs d'échecs, on dirait certainement le contraire!
Pas " bêcheurs " les deux lycéens refusent de se prendre trop au sérieux: la grosse tête ils ne connaissent vas! Même s'ils sont bien sûr enchantés et ravis de participer à un championnat qui réunit les trente meilleurs "juniors" amateurs du monde, ils n'en ont pas pour autant perdu leur sens de l'humour.
Ils racontent, goguenards, qu'ils ont commencé à jouer au go parce qu'ils ne savaient pas "quoi faire entre midi et deux, et qu'il y avait au collège un club ouvert tous les jours à l'heure du déjeuner". Mais ils ne cachent pas leur admiration (mêlée sans doute d'un soupçon de légitime envie), lorsqu'ils parlent du " Chinois de 8 ans qui a remporté le dernier championnat du monde, battant le meilleur joueur français adulte ... "
- Dans les pays asiatiques, il y a du go à la télé à peu près deux heures par jour, les enfants en font à l'école et quand ils sont bons, ils sont rattachés à un professionnel
- il y en a 400 dans le monde dont une quarantaine de femmes - dès
l'âge de 12 ans. En Europe, cela ne fait pas très longtemps que le jeu a été réellement introduit. "
Et c'est d'ailleurs en cherchant un club d'échecs que les deux garçons sont " tombés par hasard sur le go ". C'était il y a trois ans pour Fabrice, quatre pour Christophe.
Un hasard qui leur a fait prendre jeudi dernier l'avion pour Singapour.