Deuxième partie (leçon 7)  
 

Le jeu de survie – sa raison 2e partie

Traduction de Sato Kei

 

T pour Saori Takeshige (l’assistante)

Y pour Takeshi Yokouchi (le présentateur de l’émission)

O pour O Meien Oza (actuellement 9 Dan, sans titre)

 

T : Leçon de Go pour tous par Yokouchi

Défi de Saori : devenir 1er Dan

 

T : Bonjour, je suis Saori Takeshige.

Cette émission a pour but de me faire devenir 1er Dan grâce aux cours d’initiation de Takeshi Yokouchi.

 

Y : Leçon 7 : Jeu de survie, sa raison 2e partie

Nous avons présenté dans notre précédente émission le jeu de survie. Au Japon, nous disons que le Go est un jeu de territoire. Mais cette notion de territoire n’est pas facile à comprendre pour les débutants. Alors qu’en disant que le but du jeu est de faire survivre le plus de pierres sur le plateau est plus facile à comprendre.

J’aimerais maintenant demander à O Meien Oza pourquoi le fait de compter les pierres revient à compter les territoires. Autrement dit quel est le lien entre « le jeu de survie » et le Go traditionnel ?

 

O : Bonjour

 

Y : Nous avons dit à notre précédente émission que la notion du territoire était difficile à appréhender pour les débutants. C’est un mot spécifique au Japon et au go. Ce n’est pas une faute mais plutôt une inconvenance, que pensez-vous ?

 

O : Oui effectivement, c’est un terme spécifique au go mais pas forcément au Japon.

Le mot territoire est utilisé en Chine et partout dans le monde. Mais ce que nous avons oublié c’est que le territoire et les pierres désignaient la même chose.

 

T : Ce n’est plus le cas aujourd’hui ?

 

O : Oui nous l’avons oublié.

 

T : Nous avons dit la dernière fois que nous pouvions jouer au jeu de « celui qui pose le plus de pierres sur le goban gagne », c’est ce que vous nous avez présenté. Mais comment peut-on dire que « compter les pierres » revient à « compter le terrain » ?

 

O : Oui c’est vrai que cela semble bizarre. Les pierres et le terrain semblent être deux choses complètement différent.

 

Y : Les pierres et le terrain désignent donc la même chose ?

 

O : Voici une partie de go que nous avons joué tout à l’heure. Je (blanc) viens de jouer ce coup pour protéger.

 

Y : Les joueurs qui ont appris le go au Japon savent que c’est la fin de cette partie.

Nous allons expliquer par la suite la fin de partie, mais nous allons pour le moment compter le territoire. Je vais d’abord compléter votre territoire avec cette pierre que j’ai prise tout à l’heure. Il faut également sortir les pierres mortes du jeu et les placer dans le territoire ennemi.

 

O : Tout à fait, cette pierre est une pierre morte.

 

Y : Mais ici encore, ce n’est pas évident d’expliquer pourquoi cette pierre est morte.

 

O : En gros, c’est comme un prisonnier.

 

Y : Et on la place chez l’adversaire. Nous pouvons alors compter le territoire.

 

O : Ici c’est à noir. Et c’est deux coins appartiennent à blanc.

 

Y : les joueurs comptent respectivement les points de l’adversaire.

 

O : Nous déplaçons quelques pierres pour faciliter le comptage.

Blanc a 6 plus 5 donc 11 points. Noir a par contre 16 points.

Si je récapitule, noir a 16 points et blanc a 11 points donc noir gagne de 5 points.

 

Y : Ceci est la façon classique de compter.

Maintenant j’aimerais essayer la règle où nous comptons les pierres.

O : Cette manière de compter les points est très facile quand vous avez compris ce qu’est un territoire. Mais ce n’est pas évident…

 

Y : Voilà, nous sommes revenus au point de départ.

 

O : Blanc vient de jouer ce coup.

 

Y : Comme le but est de poser le plus de pierres possible, le jeu va continuer.

 

O : Oui, noir peut encore ajouter ses pierres.

 

Y : Par exemple ici.

 

O : Blanc joue ici et capture la pierre noire. Noir a une pierre en moins.

 

Y : Je continue.

 

O : Blanc peut jouer ici (dans la zone noire)

 

Y : C’est vrai qu’avec cette règle le résultat ne change pas quelque soit le lieu où l’on joue.

 

O : Mais bon, blanc ne peut pas se sauver.

J’abandonne cette pierre et je joue plutôt ici.

 

Y : Noir ne peut plus jouer dans la zone blanche, donc je vais jouer où je peux.

 

O : Oui, tous ces endroits sont des points interdits.

Blanc joue ici et augmente ses pierres.

Dans cette règle les pierres capturées ne sont pas comptabilisées.

 

Y : Oui, les prisonniers n’ont aucun rôle.

 

O : Blanc veut encore augmenter ses pierres, mais ici il n’y a plus que deux endroits.

Il faut toujours en laisser deux sinon tout le groupe sera capturé.

 

Y : Au go il faut toujours laisser deux yeux sinon il se fait capturer.

 

O : Oui, on peut alors dire que le groupe est vivant.

 

Y : Noir continue.

 

O : Blanc peut aussi continuer.

 

Y : Noir doit aussi penser à laisser deux yeux.

 

O : Blanc ne peut plus jouer. Il faut qu’il passe.

 

Y : Noir peut encore jouer. Blanc passe. Noir joue.

 

O : Blanc repasse.

 

Y : Noir ne peut plus jouer donc il passe.

Deux joueurs viennent de passer consécutivement donc la partie est finie.

Comptons les pierres.

 

O : Noir a 23 points dans ce coin supérieur. 1, 2, 3 … 23

 

Y : 1, 2, 3 … Ici il y a 16 pierres noires. Soit en tout 39 points.

 

O : 1, 2, 3 … 17.

 

Y : 1, 2, 3 … 17 ah également 17.

 

O : Donc en tout 34 points. Noir avait 39 points.

 

Y : Blanc a 34 points. Donc Noir gagne comme tout à l’heure de 5 points. C’est le même résultat.

 

O : Compter les territoires, ou compter les pierres donnent à peu près le même résultat.

 

Y : Alors pourquoi c’est devenu un jeu de territoire.

 

O : Comme vous avez pu le constaté, si vous avez compris ce qu’est le territoire, compter directement ou boucher les territoires donnent exactement le même résultat. C’est donc une règle conviviale pour les joueurs forts.

 

Y : C’est vrai que c’est plus rapide de compter directement que de boucher les territoires. Mais pour les débutants cette fin de partie est très difficile. Surtout lorsqu’il s’agit de pierres mortes ou quand on doit remplir la zone adverse avec ses prisonniers.

 

O : Oui, pour les joueurs forts, c’est évident que la partie est terminée. Mais les débutants ne savent pas quand est ce que la partie est finie car il y a encore des pierres capturables, des groupes dont on n’est pas sûr de leurs statuts (vivant ou mort)…

 

Y : Dans ce cas il est préférable de jouer jusqu’à la fin en laissant deux yeux. C’est clair pour tout le monde.

 

O : Oui

 

Y : C’est avec le progrès qu’on apprend ce qu’est le territoire.

 

O : Je crois que la bonne pédagogie doit laisser le libre choix des règles. Si les joueurs veulent jouer avec cette règle, rien ne doit les empêcher.

 

Y : Personnellement j’aurai aimé apprendre le go avec cette règle. C’est plus facile à comprendre et c’est plus amical.

 

O : C’est pratique quand toute une ville joue avec la même règle comme à Strasbourg. Car ce qui me fait peur, c’est quand deux débutants jouent avec cette règle et un joueur confirmé leur dit que ce n’est pas du Go.

 

Y : Oui j’ai déjà entendu dire que « le jeu de prise » n’est pas du Go.

 

O : Oui, malheureusement.

 

Y : Mais nous avons démontré que compter les pierres et compter les territoires sont deux choses identiques.

 

O : Oui, la technique est identique. Le résultat est aussi identique.

 

Y : Je souhaiterais donc conseiller aux gens qui aimeraient initier leurs amis le déroulement suivant :

Etape 1 : Jouer au jeu de capture, par exemple jouer à celui qui capture 3 pierres en premier.

Etape 2 : Jouer au jeu de survie, c’est-à-dire essayer de poser plus de pierres sur le plateau que son adversaire.

Ensuite, les joueurs vont apprendre et comprendre naturellement le Go.

 

O : Si on sait comment capturer une pierre et si on sait qu’il faut poser plus de pierres que son adversaire, on peut jouer au Go.

 

Y : C’est important pour les débutants, mais c’est également une bonne méthode pour les animateurs.

 

O : Le Go est vraiment quelque chose de fantastique. Je ne peux pas imaginer de finir ma vie sans connaître le Go.

 

Y : Merci beaucoup pour votre participation.

 

O : Merci à vous.