Mon stage de go en Chine (29 Juillet - 5 Septembre 2007)
Pékin (29 juillet – 1er août)
Ce voyage débuta par des activités touristiques à Pékin durant 3 jours. Après l’atterrissage de notre avion le 29 Juillet au matin, un car nous emmena à notre hôtel. Nous avons commencé l'après-midi de notre arrivée par visiter en touristes le « Temple du Ciel » avec le groupe des « voyageurs », composé d'une vingtaine de personnes, desquels nous nous séparerons quelques jours après notre arrivée à Xi'an, notre destination. Ces voyageurs continueront leur voyage ensuite à travers la Chine accompagnés de Fan Hui avant de rentrer en France autour du 13 Août. Nous avons logé dans le Da Bao hôtel, qui est, sans surprise, à Pékin.
Le lendemain, nous avons visité la « Cité Interdite » et le « Temple du Soleil ». Je l’admets, je ne suis pas un grand fan de tourisme, et même le fait d’être dans un pays aussi exotique que la Chine ne me stimule pas. Donc ces longues visites dans une chaleur épouvantable, aussi intéressantes soit-elles, ne m’ont pas enchanté.
Pour notre dernier jour, notre guide Caroline et le chauffeur de notre bus ne nous ont pas réservé le pire : nous nous sommes levés très tôt pour ne pas être pris dans les embouteillages matinaux de Pékin pour nous rendre à la Grande Muraille de Chine, qui est à 1 heure de route de Pékin. Le paysage depuis la muraille était grandiose et magnifique, et nous avions une vue sur le flanc d'une montagne sur lequel repose un énorme panneau « One World, One Dream – Beijing 2008 », annonçant les Jeux Olympiques qui se tiendront à Pékin l’an prochain. Après avoir un peu marché sur la muraille, nous sommes rentrés à l’hôtel. Comme je l'ai dit, je ne suis pas un grand touriste, mais la grande muraille, c’est tout autre chose, j’en garde un bon souvenir.
L’après-midi, nous sommes allés faire une expédition shopping, au terme de laquelle nous avons rejoint les « joueurs », c’est-à-dire ceux qui sont venus pour étudier le go à Xi’an, à savoir Sébastien Dewidehem, Rodolphe Azouvy, Marina Drieu, Alexandre Bellis et Frédéric Streicher, en plus de Baptiste Noir, Hugo Lehmann, Paul Neyroud et moi-même, les jeunes, qui étaient déjà présents.
Nous sommes ensuite repartis pour de nouvelles aventures, à commencer par la gare de Pékin, puis le train Pékin-Xi’an, qui a duré 11 heures (c’était un train de nuit). Pour entrer dans la gare de Pékin, il faut le vouloir : une foule immense de gens faisait la « queue » (un peu trop désorganisée pour être appelé « queue ») en se poussant dans tous les sens, dans le but de vouloir passer par la porte d’entrée de la gare, visiblement bien trop petite. On entendait une pauvre femme crier à tue-tête, sans doute le nom de son enfant ou de son mari disparu. Une fois entrés, ça s’est calmé un peu. Nous avons attendu dans une espèce de salle d’attente pleine à craquer, avant de finalement monter dans le train. Les couchettes pour quatre étaient assez confortables, le trajet s’est très bien passé et le train est arrivé à Xi’an sans encombre.
Xi’an (2 août – 3 septembre)
Un peu assommés par ce malgré tout fastidieux trajet, nous avons mangé un petit-déjeuner peu appétissant à mon goût dans l’hôtel où les « voyageurs » allaient rester pour leur court séjour (3-4 jours) à Xi’an. Nous sommes ensuite allés nous poser à l’école de go, où nous allions loger pour le mois à venir. Nous avions 2 chambres pour 9. Les jeunes (Baptiste, Paul, Hugo, Alexandre, qui n’a que 18 ans, et moi-même) dans une chambre ; les moins jeunes, pour ne pas dire les vieux, dans l’autre. Une douche dans la même salle que des toilettes se trouvait dans chaque chambre. Autant dire que le confort n’était pas extrême et les chambres très peu spacieuses, mais nous n’avons jamais eu de réels problèmes de confort ou de place. Nous avons tout de même obtenu quelques jours plus tard une 3ème chambre, avec de vrais lits, dans laquelle logèrent Marina et Frédéric, qui se sont fait passer pour des mariés pour pouvoir dormir dans la même chambre, car visiblement, en Chine, il n’est pas correct qu’une femme dorme dans la même chambre qu’un homme si cet homme n’est pas son mari.
Sur les deux prochaines après-midi se tenait un tournoi amical entre chinois et français (les « voyageurs » inclus), où chacun jouait une partie par jour environ. Le score final était très en faveur des chinois, mais le tournoi était à caractère plutôt festif que compétitif. Sur ce, nous avons salué les « voyageurs », qui partirent avec Fan Hui, notre accompagnateur, pour poursuivre leur voyage dans les villes du sud. Nous étions donc lâchés seuls à Xi’an, condamnés à manger tous les jours dans le restaurant en face de l’école, qui servait les mêmes plats que personne n’aimait, jour après jour. Fort heureusement, une traductrice (dont le nom occidental est « Aïcha ») a été engagée pour nous aider à nous débrouiller. Grâce à elle nous avons pu un peu sortir de l’école, faire du shopping par exemple, jusqu’au retour de Fan le 14 août.
Mais en attendant, nous avons quand même travaillé ce pour quoi nous sommes venus pour, le go. Un peu comme les inseis dans Hikaru-No-Go (une référence que tout le monde se doit de connaître), il y a plusieurs classes dans l’école de go : les plus forts sont en classe A, et il y a ensuite les classes B (dans laquelle Baptiste et moi étions) et C (dans laquelle le reste du groupe était). Nous étions donc répartis dans les deux moins bonnes classes, mais le niveau était déjà suffisant : nous avons en moyenne gagné 1 partie sur 2 contre des enfants dont l’âge variait à vue d’œil entre 7-8 ans et 12-13 ans. Ils sont donc je pense tous plus jeunes que moi, le plus jeune du groupe (j’ai 14 ans), mais cela ne les rend pas moins fort. A mon avis, leur capacité commune la plus impressionnante est celle de ne jamais faire d’énormes bêtises que nous, les occidentaux, ont tant l’habitude de commettre.
Notre emploi du temps quotidien mis à part le week-end était : lever vers 8 heures pour les preneurs de petits-déjeuners, 8h30 pour les flemmards comme moi et la plupart des autres jeunes. Les parties débutaient un peu après 9 heures, mais nous devions être là à 9 heures. Nous jouions jusqu’à midi ; cela faisait en général deux parties de joué. Puis nous mangions à ce restaurant mentionné plus haut, et c’était reparti à 13 heures pour le commentaire des parties jouées le matin. Les nôtres étaient parfois commentées, mais pas toujours. Le commentaire était donné par un professionnel qui, assis sur une chaise, commentait oralement mais sans renfort de gestes, de sorte que nous ne comprenions pas grand-chose. En revanche (paraît-il), dans la classe C, le professeur, visiblement plus extraverti, faisait de grands gestes devant son goban magnétique géant et montrait des séquences, expliquant celles-ci à coups de « hao » (« bien » en chinois) et de « bu hao » (pas bien). Au terme de ce commentaire, qui finissait à 3 heures, nous improvisions une espèce de groupe d’étude (je vous laisse deviner la référence) entre nous, où nous revoyions nos parties de la matinée et, si nous avions le courage, nous faisions des tsumego ensuite. Nous mangions très tôt le soir (6 heures), toujours dans le même restaurant, et après quelques parties de Loup-Garou, nous nous couchions. Le week-end, nous nous reposions ou nous allions faire du shopping. Voilà donc notre emploi du temps jusqu’au 19 août.
Guiyang (19 août – 25 août)
Après un voyage en avion de 2-3 heures, nous sommes arrivés à l’aéroport de Guiyang, notre destination, en début d’après-midi le 19 août. Guiyang est la préfecture de la province de Guizhou, dans le sud de la Chine. Nous sommes venus jusqu’ici (en laissant à Xi’an Hugo, Frédéric et Alexandre, ou alors à cause du billet d’avion ou en raison de problèmes technique dû au nombre de joueurs) pour jouer un tournoi de go, contre de très forts joueurs (certains professionnels jouaient même le tournoi). Ce tournoi se jouait en 9 rondes, réparties sur 5 jours, sans compter le jour de notre arrivée durant lequel nous n’avons pas joué et le matin de notre départ. Nous logions dans un hôtel luxueux avec, depuis notre balcon, une vue absolument magnifique sur un lac immense.
Le cadre était donc très sympa, mais les résultats l’étaient moins : les 6 français présents ont totalisé 11 victoires sur 54, dont 6 des 11 étaient entre nous... Donc 5 victoires contre des chinois ! Il faut dire que le niveau était assez élevé (les plus faibles devaient être 3ème dan), mais nous n’étions pour le moins pas satisfaits de nos résultats. La palme du plus victorieux revient à Baptiste qui a totalisé 4 victoires, la dernière de celles-ci étant une scandaleuse victoire contre moi, qui a quand même eu le mérite de gagner contre deux chinois (3 victoires pour moi au total). Baptiste ne peut pas en dire autant (il a une seule victoire contre un chinois ; si ma mémoire est bonne c’était même une coréenne, ce qui ne compte absolument pas), mais Paul le peut : il a, comme moi, totalisé 3 victoires dont 2 contre des chinois. La dernière des 11 victoires revient à Rodolphe qui a vaincu Seb au terme d’une partie endiablée. Malgré ces maigres résultats, je pense que nous sommes plus ou moins tous sortis heureux de ce tournoi, qui reste tout de même une excellente expérience go-thique. C’est donc avec le sourire que nous sommes retournés à Xi’an le 25 août.
Xi’an (le retour...)
De retour à la « maison » (l ‘école de go de Xi’an), une espèce de flemme générale s’installa : le fait que la plupart des enfants chinois avaient subitement disparus, pour aller eux aussi à un tournoi, était le grand facteur de cette flemme. Le professeur venait le matin pour jouer contre nous, mais quasiment personne n’y allait. On en avait tous un peu marre je pense, et l’on commençait à faire autre chose que du go : jeux de cartes, ordinateur... Les seuls parties que nous avons jouées durant cette période étaient celles de deux tournois internes, le fruit d’une initiative de Baptiste. Le premier tournoi a été annulé pour cause de défaite de l’organisateur (Baptiste, contre Rodolphe). Le second ayant été remporté par l’organisateur, il a été joué jusqu’au bout. Mais pendant cette période de flemme, nous sommes tout de même allés visiter la fameuse armée souterraine en terre cuite, non loin de Xi’an. Toutes les louanges que nous avions entendues à son sujet avant de partir plaçaient nos estimes très hautes, et donc il y avait dans nos esprits seulement de la place pour la déception ou le simple contentement. La tendance générale du groupe était plutôt à la déception, mais j’ai personnellement trouvé ces hangars remplis de soldats et de chevaux en terre cuite assez impressionnant. J’en garde donc malgré tout un bon souvenir.
Pendant ce temps-là, le vague de départs a commencé : tout d’abord, Sébastien est reparti avant tout le monde et tout seul assez tôt, suivi quelques jours plus tard par Alexandre, Frédéric et Marina. Avant notre départ, il s’est tout de même passé des choses assez importantes qui méritent d’être signalées : tout d’abord, la tragique mort du grand-père de Fan, qui était très malade. Je suis sincèrement désolé, Fan, et je profite de ce message pour te remercier pour tout ce que tu as fait pour nous pendant ce voyage. Je n’ai pas la place dans ce message de te remercier pour tout ce que je te dois, car je te dois énormément, alors je le résumerai en quelques mots : bravo, et merci beaucoup.
La deuxième chose, c’est ce qui est arrivé à Hugo, qui n’a vraiment pas eu de chance. Il s’est fait voler un superbe appareil photo fraîchement gagné à un concours de maths et, pire encore, son passeport et son ticket d’avion de retour. Il ne pouvait donc pas rentrer en France en même temps que nous, et le père de Fan était donc obligé de nous accompagner à Pékin, car le consulat français est là-bas. S’il n’obtenait pas de visa en un jour, ce qui était très probable, il devrait rester plus longtemps et être accompagné par un adulte, en l’occurrence le père de Fan. Donc le soir du 3 septembre, nous avons fait nos valises et nous sommes partis en train pour Pékin, après la traditionnelle bataille de coudes à l’entrée de la gare et la salle d’attente bondée. Le voyage en train se passa comme à l’aller, c’est-à-dire très bien, et à l’arrivée à Pékin, une espèce de grande limousine avec 4 rangées de sièges nous a emmenés à un hôtel où nous allions passer la nuit.
Fan et Hugo passèrent donc la journée au consulat et sont revenus avec la mauvaise nouvelle : il n’y avait pas de problème de visa pour entrer en France, mais en revanche, le visa pour sortir de Chine était visiblement très problématique... Hugo ne pouvait donc pas rentrer avant le 19 septembre. Il allait donc retourner à Xi’an et rester à l’école de go deux semaines de plus mais sans Fan ni Aïcha, qui est étudiante, et qui est donc rentrée à l’université. Il est à l’heure ou j’écris (9 septembre) il est toujours en Chine ; j’espère qu’il s’en sort...
Après une dernière nuit en Chine et une soirée poker la veille au soir, nous sommes partis le lendemain matin pour l’aéroport de Pékin. Direction : Paris CDG, la France, e