DNA du 13 07 03

Jeu
Le go va
La saison de go a été brillante à Strasbourg où ce jeu subtil a de nombreux adeptes. Albert Fenech vient même de concocter un ouvrage pédagogique à l'usage des débutants.

Le go et les couleurs

Deux champions de France, un champion d'Europe et un livre consacré à la règle strasbourgeoise : le jeu de go poursuit avec bonheur son opération séduction des jeunes générations. Bilan d'une année chargée au collège Saint-Étienne, le club phare de la discipline en Alsace.

Antoine Fenech a 17 ans et vient de décrocher un titre de champion d'Europe à Cannes. Alexis Welvaert, 13 ans, et Thomas Debarre, 10 ans, arborent pour leur part fièrement deux titres de champion de France remportés en mai à Paris. A eux trois, ces jeunes Strasbourgeois forment la partie émergée d'un étonnant iceberg ludique. Parce que si, cette année, les trois membres du club de go du collège Saint-Étienne ont été à l'honneur, la pratique de ce jeu apparenté aux " échecs asiatiques " dépasse désormais largement le simple cadre de la compétition. Surfant sur la vague " Hikaru no go ", manga qui a déjà su raviver l'intérêt des jeunes générations pour la pratique en Asie et qui affiche aujourd'hui 7 000 lecteurs en France, le go s'en vient en effet petit à petit prendre une place de choix dans le cœur des jeunes générations. Bref, un véritable loisir en devenir. " C'est encore discret, mais les choses changent, note ainsi Albert Fenech, responsable du club de go. A Strasbourg, nous sentons que nous commençons à intéresser les gens. Et ça va même plus loin : nous avons été contactés par une chaîne asiatique qui voulait faire un reportage sur la règle strasbourgeoise. " Cette règle, c'est d'ailleurs le professeur de mathématiques qui en est l'auteur. Une pédagogie inédite pour permettre aux néophytes de découvrir la discipline plus aisément, le fer de lance du club qui accumule les performances en compétition depuis quelques années, et un véritable objet de curiosité pour la patrie du go qui suit de très près cette affaire. Du coup, Albert Fenech a rédigé un ouvrage présentant les fondements de cette règle. " Le go, un jeu d'enfant " a pour objectif d'évoquer les grands principes du go en toute simplicité. " L'idée, c'est que le lecteur doit pouvoir aller au bout des problèmes posés sans éprouver de difficulté. Tout est basé sur la progression. " De passage au Japon, l'enseignant a même découvert qu'un champion local planchait sans le savoir sur un concept similaire. " Il a été très étonné de voir que nous partagions les mêmes idées. " Bref, de quoi rapprocher deux cultures à un point que l'on aurait difficilement soupçonné. Car les contacts avec l'Asie sont plus que jamais étroits. Les championnats se déroulent souvent là-bas, et les joueurs strasbourgeois sont supervisés à distance par de grands organismes à la recherche des champions de demain. Les meilleurs peuvent ainsi être appelés à passer professionnels. " Même s'il y a peu de chances pour qu'il accepte, Thomas devrait d'ici peu avoir des propositions pour poursuivre sa scolarité au Japon et passer pro là-bas ", estime d'ailleurs Albert Fenech. Il y a là de quoi faire rêver les joueurs de tout poil qui découvrent la discipline. Petit à petit, le go fait son nid.

Nicolas Blanchard

" Le go, un jeu d'enfant ", d'Albert Fenech, est paru aux éditions Chiron. Le club de go est ouvert à tous, renseignements au collège Saint-Étienne à Strasbourg ou sur le site http ://strasbourg.jeudego.org