DNA du 30-8-98
Les finalistes du championnat de France de go sont gâtés. Une professionnelle du Japon, Chizu Kobayashi, est venue les voir jouer dans la salle de l'Aubette.
Chizu Kobayashi est une vedette dans son pays. Professionnelle depuis l'âge de 17 ans, elle est considérée comme l'une des femmes les plus fortes au go. Son niveau au jeu fait d'elle une personne respectée et beaucoup de gens hauts-placés sont honorés de pouvoir faire une partie contre elle. « Lorsque je suis à Paris, l'ambassadeur et moi jouons ensemble. Il est très bon », confie-t-elle d'une voix douce. « Le go est une façon agréable de rencontrer du monde. Quand deux adversaires s'affrontent, ils sont égaux, les différences disparaissent. »
Sa présence lors des championnats de France n'était pas prévue. Les organisateurs ont été surpris et ravis de la nouvelle de sa visite à Strasbourg. Ce n'est pourtant pas un hasard. Elle est très à l'aise dans notre pays. « J'aime la façon dont les Français apprécient la vie. Je découvre Strasbourg pour la première fois. C'est une très belle ville avec de jolies vieilles façades. Et j'adore les kougelhopf », avoue-t-elle en souriant.
Deux de ses anciens élèves, Paul Drouot et Farid Ben Malek, font parti des compétiteurs. Il y a aussi le jeune Antoine Fenech que Chizu Kobayashi a rencontré lors du mondial des jeux à Cannes cette année et qu'elle voudrait bien faire venir au Japon. Pour l'instant, Antoine a fort à faire. Il n'a rien gagné la veille. La salle de l'Aubette est calme. Les gobans (damiers de go) se remplissent lentement.
Une partie par jour
Chaque joueur a une heure de temps. Il a huit parties à jouer sur la durée du tournoi. Les deux meilleurs resteront en lice et disputeront une finale. Le vainqueur sera champion de France. « C'est très dur de jouer trois parties à la suite comme ils font en ce moment. Aujourd'hui, au Japon, la durée moyenne d'une partie est d'une journée. Deux pour les plus longues. » Chizu Kobayashi fait le tour de la salle et s'arrête devant chacun des jeux. « On apprend beaucoup en regardant jouer les autres », confie-t-elle.« Il y a dix ans, j'ai pris la décision d'enseigner le go. Je m'occupe d'une école où je forme une quinzaine de jeunes occidentaux. Je passe régulièrement dans deux clubs de Tokyo et j'ai une émission de télévision. J'organise aussi des parties sur internet. Je trouve cela très bien que le jeu se développe. » Ses yeux se tournent sur la place Kléber où une initiation, mise en place par le service de la culture de Strasbourg et le club de go du collège Saint-Étienne, attire de nombreux curieux. Qui sait, parmi eux se cache peut-être un futur champion ?
J.-F. T.
Initiation au go place Kléber, aujourd'hui de 10h à 17h.