FRANÇOIS MIZESSYN       Accueil    Meilleurs joueurs en France

par Maria DUTEIS et Eric PARÉ pour la revue française de go

François Mizessyn, dit Mizo, dit Fanfan, 4e Dan, répond aujourd'hui à nos questions...

-    Quand et comment as-tu appris à jouer au Go?

-    J'étais en première (c'était en 1975) et j'ai participé à un concours de Maths. J'ai gagné un fascicule d'initiation au Go édité par la Nihon Ki-In. Dès mon retour à la maison, j'ai construit un jeu avec une plaque de polystyrène et des capsules de bière pour faire les pions, et j'ai appris les règles à tout mon entourage. Cependant, ce n'est qu'en 1979 que j'ai vraiment commencé à jouer (au club de Nantes, dont j'ai appris l'existence à la suite de la parution d'un article dans le journal). Lorsque j'y suis allé pour la première fois, j'ai rencontré Alain Héaulmé. À la question "tu es débutant ?", j'ai répondu "non !", persuadé que je savais jouer. Il a quand même posé 5 pierres de handicap sur un 13xl3 et je me suis fait exploser ! (rires).

-    Qu'est-ce qui te plaît dans le Go, pourquoi y joues-tu ?

-    En fait, il m'a suffit de lire le fascicule de la Nihon Ki In pour savoir que ce jeu était fait pour moi ! Difficile de définir exactement pourquoi... le but du jeu, sa simplicité et sa puissance à la fois...

-    Tu es 6e Dan. A ton avis, que te manque-t-il pour être plus fort ?

-    Le temps. Quand j'étais étudiant, je consacrais jusqu'à 30 heures par semaine au Go, et j'ai pu ainsi progresser assez vite, bien que jouant essentiellement contre des débutants. je suis très loin de pouvoir faire de même aujourd'hui, même si récemment, j'ai commencé à faire pas mal de parties sur IGS (Internet Go Servet sur Internet). En plus, quand on est 4e Dan, pour être plus fort, il faut devenir 5e Dan, et ça n'est pas si facile que ça.

-    Tu t'investis beaucoup dans le développement du Go, qu'est-ce qui te motive ?

-    Je veux jouer ! Le jeu me plait beaucoup donc j'essaie de créer les conditions favorables pour y jouer. Quand j'arrive quelque part et qu'il n'y a pas de club, je le monte ! Pendant longtemps, je n'ai pas vraiment été dans le sérail, c'est à dire que ce n'est pas le côté "famille" du Go qui m'a attiré au départ. Maintenant, c'est différent. La famille s'agrandit, elle est plus ouverte, plus diversifiée, et c'est plus facile de se trouver des affinités avec telle ou telle personne.

-    En 1991, tu es parti au japon. Peux-tu nous parler de cette expérience ?

-    En fait, c'est presque le hasard et pas du tout le Go qui m'a amené là-bas... Lorsque j'ai fait l'armée, pour avoir quelques après-midi de liberté, je me suis inscrit en DEUG... de japonais. C'est pourquoi, quelques années plus tard, mon patron m'a envoyé travailler au Japon. Ce voyage m'a apporté un véritable changement d'état d'esprit. Avant, c'était devenu difficile pour moi de progresser. Là-bas, j'ai pu changer ma vision du jeu en particulier grâce aux parties de pros commentées à la télévision (deux heures par semaine pendant deux ans, ça finit par faire de l'effet même sur les plus obtus). J'ai aussi lu pas mal de livres de Go en japonais qui n'ont pas encore été traduits, ce qui m'a permis de sortir un peu de ce qu'on apprend en Europe, et bien sûr j'ai joué quelques parties dans différents clubs. À propos du club, savez-vous comment on en trouve un au Japon ? Eh bien, il suffit de faire le tour d'une gare en regardant en l'air (les clubs de Go, tout comme les restos et les bars, sont rarement au rez-de-chaussée). Même si dans l'ensemble c'est un peu tristounet, parfois, on y apprend des choses. Ainsi, un jour, alors que je jouais contre un vieux monsieur à 6 pierres (J'avais Noir ! ) j'ai fait un "nez du chien". Le monsieur s'est mis en colère, me disant que tout le monde savait bien que cette forme était mauvaise ! Il a gagné cette partie, et la semaine suivante, il n'a plus voulu jouer avec moi ! (rires). Depuis, je n'ai plus jamais fait un "nez du chien".

-    Quel est ton objectif maintenant ?

-    Durant les 5 premières années, mon maître mot était "progresser". Maintenant, non. Le monde du Go est un milieu où je me sens bien, et c'est surtout pour ça que je continue à jouer. Bien sûr, je serais content de devenir 5e Dan... Mais mon intérêt est maintenant plutôt dans le développement du Go et aussi du côté "Go et informatique" (mes premières lignes de programmation du Go datent de 1980).

-    Pour finir, d'après toi, que dois faire un 10e kyu pour progresser ?

-    JOUER ! Pour moi, un 10e kyu a un déficit de parties. Inutile alors pour lui d'essayer d'apprendre dans les livres car il aura du mal à comprendre, n'ayant pas assez "tripatouillé". Pour ma part, j'étais 5e kyu quand j'ai ouvert mon premier livre. Bien entendu, il faut faire attention à ne pas prendre trop de mauvais réflexes. Pour cela, les bouquins d'exercices de vie et de mort sont utiles... Ça dépend essentiellement des personnes. Si on a l'impression d'atteindre un palier dans la progression, alors il faut changer de méthode de travail, ou plutôt d'approche (jouer vite si on est un "lent", attaquer si on n'aime pas ça, et vice versa ... ).

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